Le projet minier controversé Base Toliara change de nom pour devenir Vara Mada

La compagnie américaine de minerais critiques, Energy Fuels, qui a repris la compagnie en 2024 adopte une nouvelle stratégie et renomme le projet Base Toliara « Vara Mada – An Energy Fuels Company ».

Un repositionnement que l’entreprise présente comme plus qu’un simple exercice de communication. Il s’agit, selon elle, de rendre le projet plus lisible, de resserrer les liens avec les acteurs locaux et d’installer un dialogue transparent et inclusif autour d’un chantier qui divise depuis des années.

D’après la compagnie, le choix du nom Vara Mada se veut un marqueur culturel, supposé évoquer la richesse et le potentiel de la région Atsimo-Andrefana. La nouvelle dénomination est aussi un signal politique. Energy Fuels affirme vouloir conduire le projet de manière responsable, en se rapprochant davantage des communautés concernées et en donnant une place plus centrale aux échanges avec les parties prenantes sur le terrain. En effet, ces dernières années, le nom de Base Toliara était associé à des crises et des scandales.

Ce changement de nom s’accompagne d’une réorganisation interne annoncée comme une refonte. L’entreprise dit renforcer son équipe à Madagascar, structurer davantage la concertation avec les parties prenantes et avancer avec une feuille de route orientée vers des retombées économiques, sociales et environnementales. Dans le même temps, Vara Mada met en avant son intention d’aligner le projet sur des standards internationaux en matière de sécurité, de gouvernance et de gestion environnementale, dans un contexte où les critiques sur la transparence et les garanties restent vives.

Sur le volet économique, la société affiche des projections ambitieuses. Environ 4 000 emplois seraient mobilisés durant la phase de développement, et les effectifs pourraient dépasser 6 000 lors de l’exploitation. Vara Mada évoque également des initiatives de développement communautaire, des investissements dans les infrastructures locales et une stratégie visant à intégrer davantage de fournisseurs malgaches dans la chaîne de valeur.

Prévue pour démarrer sa production vers fin 2027, la mine fournira, sur 38 ans, une moyenne annuelle de 800 000 tonnes d’ilménite, de 54 000 tonnes de rutile et un peu moins de cette quantité pour le zircon et la monazite séparés.

Cette relance sous un nouveau nom intervient alors que le projet est sous pression. Récemment, le président de l’Assemblée nationale, Siteny Randrianasoloniaiko, a publiquement laissé entendre que le dossier pourrait être abandonné, estimant qu’il ne serait pas suffisamment avantageux pour le pays. Cette sortie renforce l’incertitude politique autour d’un projet déjà contesté sur le terrain.

Les opposants au projet pointent en particulier les impacts potentiels sur l’environnement, la biodiversité et l’usage des terres, ainsi que les risques pour les moyens de subsistance des communautés locales. D’autres inquiétudes persistent autour de la transparence des permis, des droits fonciers et de la question sensible de la radioactivité associée à certains minerais. Dans ce climat, le passage de Base Toliara à Vara Mada ressemble à une tentative de reprendre l’initiative : reste à savoir si le changement d’identité suffira à restaurer la confiance, ou s’il ne fera que rebaptiser une controverse déjà bien installée.